La vie devant soi – Emile Ajar (Romain Gary)

Littérature

Un récit bouleversant qui mélange situations cocasses et problématiques lourdes. Le narrateur est un orphelin nommé Momo qui vit chez Madame Rosa, une vieille dame rescapée d’Auschwitz ayant recueilli, au fil des années, des enfants de prostituées. À mesure que le récit progresse, Momo se voit contraint de prendre de plus en plus soin de Madame Rosa dont la santé décline.

Le point de vue narratif choisi par Romain Gary lui permet de créer un décalage tragi-comique entre l’innocence infantile de Momo et la gravité des situations vécues. Ce décalage n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui au centre du film La vie est belle de Roberto Benigni.

En toile de fond, on retrouve une série de thèmes chers à Gary. À travers le personnage de Madame Rosa, on retrouve tout d’abord celui de la mémoire. À plusieurs reprises, Madame Rosa se remémore ses traumatismes passés, jusqu’à une scène poignante où elle revit la rafle du Vel’ d’Hiv’ dont elle a été victime étant enfant. On retrouve ensuite les thèmes de l’identité et de l’appartenance. Les personnages luttent pour définir leur identité. Momo est un enfant orphelin, élevé dans l’islam par Madame Rosa, qui lui a également appris le yiddish. Monsieur Hamil est un homme transgenre vivant dans le même immeuble… et le récit se passe dans le quartier cosmopolite de Belleville au sein duquel les personnages naviguent d’une culture à une autre. Ce roman met en lumière la possibilité de se définir autrement que par les normes habituelles.

Un chef-d’œuvre.